La tarte aux fées
par Michaël Escoffier
(2013)
Résumé : Afin de sustenter son fils qui refuse de manger, Papa crapaud lui propose une tarte aux fées…
Avis : Michaël Escoffier,…ce nom ne vous dit peut-être rien ? Et pourtant, nos rayons regorgent de ses albums à l’humour décalé. À juste titre, car ses histoires raviront les petits… et les grands ! Michaël Escoffier vient à la rescousse des parents condamnés à relire le même livre à l’infini grâce à ses récits empreints d’un humour mordant. Tant qu’à faire, autant s’amuser ! Petit coup de cœur pour sa délicieuse Tarte aux fées, ou comment la vie d’une famille de “dragons” rappellera certainement celle de bien des parents. Pleines de détails qui n’échapperont pas aux plus observateurs, les illustrations de Kris Di Giacomo viennent ajouter une touche d’humour visuel qui fera sourire petits et grands.
A retrouver en section Jeunesse, Albums à la cote E
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Le bal des folles VS 10 jours dans un asile
Le bal des folles
par Victoria Mas
(2019)
Résumé : 1885 : comme chaque année, à la Salpêtrière, se tient le très mondain « bal des folles ». Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous.
Dans ce livre terrible et puissant, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au célèbre neurologue ; Louise, abusée par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de pousser son souteneur dans la Seine ; Eugénie enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu’il faut bien appeler une prison.
Avis : Ça démarrait bien et pouf.
Les points forts :
-belle découverte du Paris du 19eme et de la Pitié Salpêtrière de Charcot
-une introduction aux grandes figures médicales de l’époque
-un beau panel de femmes de tout horizon
-un roman engagé, voire féministe
-une plume fluide
J’ai été un peu moins emballée par le côté surnaturel du livre, façon « les morts me parlent et voici leurs messages » façon 1er degré. Mais il éclaire sur l’émergence du spiritisme au 19e siècle. Malgré une fin un peu précipitée, c’est un premier roman facile à lire, intéressant mais qui aurait mérité d’être étoffé un poil plus.
A retrouver en section Adulte, Romans à la cote 8-3 MAS 0000 B/h6>
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10 jours dans un asile
par Nellie Bly
(2015)
Résumé : Engagée en 1887 au New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly a pour mission de se faire passer pour folle et d’intégrer un asile d’aliénés, le Blackwell’s Island Hospital à New York. Elle y reste dix jours et en tire un brûlot. Dans ce reportage » undercover « , elle met en lumière les conditions épouvantables d’internement des patientes ainsi que les méthodes criminelles du personnel.
Avis : J’ai lu Nellie Bly à la suite du « Bal des folles », car je me demandais si le discours féministe lu dans le Victoria Mas n’était pas anachronique.
Les faits de déroulent à la même époque (fin 19eme), mais à New York..
La jeune Bly est une journaliste qui travaille pour Pulitzer. Militant pour une visibilisation des femmes, elle va devenir pionnière dans le reportage infiltré. Elle se fait interner volontairement dans le pire asile New Yorkais, 10 jours durant. Les femmes ne sont rien. Elles sont principalement enfermées chez les aliénées pour des raisons sociales. La femme doit être invisible dans la société américaine de l’époque. Si elle est trop indépendante ou malade, si ses idées sont radicales, si elle est sans famille ou qu’elle ne parlent pas la langue… La police les envoient aux oubliettes. Car c’est vraiment de cela qu’il s’agit : un endroit où même les plus saines d’esprit tournent folles tant la maltraitance et la torture sont monnaie courantes. Le reportage de Nellie Bly est édifiant ; et pour répondre à mon interrogation initiale : oui, à la fin du 19e siècle, la sororité et les questions féministes évoquées dans le « Bal des folles » étaient déjà soulevées.